Sous la poussière

archives et technologies de l'information

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mardi 6 décembre 2011

La Déclaration universelle sur les archives: que peut-on en faire?

Le Forum des archivistes de l'arc lémanique a consacré sa séance du 5 décembre 2011 à un sujet d'actualité: la genèse de la Déclaration universelle sur les archives.

Cristina Bianchi[1] et Didier Grange[2] nous ont présenté le texte de la Déclaration, inspirée d'expériences similaires au Québec, au Bénin et en Australie, et le processus qui a abouti à son adoption par l'UNESCO le 10 novembre 2011.

Leur présentation est disponible sur le site du Forum.

La discussion qui a suivi cette présentation a porté sur l'utilité de cette déclaration et sur les possibilités de la faire connaître.

Les différents points soulevés concernaient:

  • les publics cibles: les décideurs, les usagers d'archives et le grand public
  • les outils de communication: campagne de presse, associée ou non à un événement comme le 9 juin (Journée internationale des archives), création d'un registre de signatures électronique ou physique (suivant l'expérience de nos collègues québécois), diffusion sur les réseaux sociaux, communication auprès des associations d'usagers (généalogistes, historiens) etc.
  • les entités qui devraient se charger de cette communication: l'AAS ou les services d'archives au niveau local

Sur l'utilité d'un tel texte, un parallèle a été fait avec l'adoption du Code de déontologie par l'AAS en 1998. Plusieurs personnes ont suggéré qu'une étude sur l'usage pratique de ce code serait bienvenue.

Les participants se sont par ailleurs mis d'accord sur l'idée que l'AAS devrait adopter officiellement cette déclaration lors de sa prochaine assemblée générale.

Une remarque a retenu mon attention sur l'usage possible de cette Déclaration: des archivistes d'organisations internationales (qui représentent une bonne part de la communauté archivistique à Genève) ont relevé qu'elle pouvait devenir le texte de référence sur lequel se baseraient les actions des différents services d'archives des OI. En effet, ceux-ci ne peuvent pas se référer à des textes légaux pour justifier leurs missions et leurs orientations stratégiques; la Déclaration, bien qu'elle ne possède pas de caractère contraignant, peut remplir cet office dans le dialogue entre ces services et leurs autorités de tutelles. A retenir donc au moment de définir ou redéfinir politiques d'archivage, règlements d'accès ou budgets annuels :-)

Notes

[1] Archiviste de la Ville de Pully et représentante de l'AAS au Comité directeur de la section des associations professionnelles du Conseil international des archives (ICA/SPA).

[2] Archiviste de la Ville de Genève et conseiller spécial auprès de l'ICA.

mercredi 7 mai 2008

Un manuel pour les historiens indépendants

La Société suisse d'histoire avait publié en 2003 un Manuel à l'intention des historiennes et historiens indépendants, offrant conseils, tarifs de référence et contrat-type aux historiens travaillant sur mandat.

Une deuxième édition de ce manuel est sortie en février 2008. Il a été augmenté de conseils adressés aux historiens engagés comme commissaires d'expositions, accompagnés d'un modèle de contrat et d'une ébauche de budget.

mercredi 23 avril 2008

E-archiviste aux Archives départementales des Yvelines

Une annonce pour un poste d'"e-archiviste" aux Archives départementales des Yvelines, disponible aussi sur le site de l'AAF, a retenu mon attention.

La mission, "chargé du développement, de la coordination et de l’animation des projets informatiques", est telle qu'on peut l'attendre en lisant l'intitulé du poste. Mais je suis surpris que la définition du profil recherché ne mentionne pas les compétences informatiques, à l'exception de la maîtrise des "principaux progiciels documentaires" (ce qui ne veut pas dire grand chose en soi: maîtrise en tant qu'usager ou comme administrateur?).

Il n'est pas fait mention de connaissances techniques précises. C'est un problème déjà soulevé ici à l'analyse d'annonces semblables. Certes, les compétences archivistiques priment, et même un "e-archiviste" ne doit pas être un développeur [1]. Mais il est indéniable qu'une culture informatique générale, et à jour, est nécessaire pour dialoguer avec les informaticiens. Et un intérêt affirmé pour les TIC est sans doute un plus.

Je ne doute pas que cela entrera en compte dans la sélection des candidats, mais pourquoi l'annonce est-elle si évasive sur ce point? La question est peut-être: peut-on exiger de professionnels des archives des connaissances techniques dépassant la maîtrise des outils en tant qu'usager? Quand les cyberarchivistes décrits par Jean-Daniel Zeller en 2004 arriveront-ils sur le marché de l'emploi?

Si des personnes en formation ou récemment diplômées d'un master d'archivistique français lisent ce blog, je leur serai très reconnaissant d'indiquer en commentaire les enseignements qu'ils ont suivis dans le domaine informatique.

Notes

[1] Quoique, si l'on prend exemple sur ses cousins, les bibliothécaires systèmes, certains donnent vraiment envie de dompter le Python :-)

mardi 19 février 2008

Le spleen de l'archiviste

Juste un petit billet pour exprimer ma solidarité avec cette consoeur qui exprime sur archives-fr le spleen de l'archiviste qui se sent seul (mais qui ne renonce pas !!).

Non! Vous n'êtes pas seule! Un rapide sondage dans mon service montre que nous sommes nombreux à être passés par là. Je vous souhaite donc bon courage, et gardez du plaisir dans vos activités! Si vous voulez garder une certaine stimulation professionnelle, échanger avec des collègues, pourquoi ne pas commencer un blog? Plusieurs lone arrangers américains ont fait de même (voir archivesblogs)[1].

Ce message me rappellle qu'avec quelques confrères, nous pratiquons volontiers l'autodérision sur notre métier, parfois (souvent?) obscur aux yeux du profane et déconsidéré aux yeux des employeurs. Comme on dit, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. C'est une attitude assez facile à adopter lorsque l'on a un fort passif de nerd :-)

Nos cousins bibliothécaires souffrent aussi d'un bon lot de clichés, mais il me semble que le spleen évoqué dans le message est propre à notre métier. Peut-être parce que nous avons plus de chance d'occuper des postes isolés? Qu'en pensez-vous?

Notes

[1] La SAA possède par ailleurs un comité dédié aux archivistes isolés. Il existe aussi un groupe Facebook qui les rassemble.

mercredi 13 février 2008

Le même métier, vraiment?

Citation de Jean Michel, consultant en management de l'information, interrogé dans le dernier numéro d'Archimag:

Les documentalistes doivent-ils étoffer leurs compétences et devenir multitâche?
C’est clair. À mes yeux, il n’y a pas de différence entre veille, knowledge management et records management : tout ceci constitue un métier global. Les compétences doivent être plus larges ; comprendre les attentes de l’entreprise, ne plus être centré sur le document mais sur les hommes, maîtriser la variété des sources – podcasts, flux RSS…–, concevoir des services novateurs basés sur les wikis et les blogs, imaginer d’autres produits.

Au siège de l'institution qui m'emploie, nous sommes plus d'une vingtaine à nous occuper de records management, et on compte à peu près autant de documentalistes. Et quand je discute avec ces derniers, je n'ai pas du tout l'impression de faire le même métier.

Attention! Je ne dis pas que des documentalistes ne peuvent pas s'occuper d'archives ou de records[1]. Mais pourquoi associer ainsi veille et records management? Ce sont deux fonctions qui ne partagent ni les mêmes buts, ni les mêmes objets, et pas vraiment les mêmes outils. Et je n'adhère pas aux différentes assertions de Jean Michel en ce qui concerne mon métier.

Il parle de podcasts, de blogs, de wikis. On ne mettra pas en doute mon attrait pour les "services novateurs " :-), mais quel est le lien entre ces outils-là et le records management? J'en vois l'utilité pour la promotion interne des procédures et bonnes pratiques, mais à part ça? Je n'ai pas connaissance d'autres applications. Les témoignages sont les bienvenus.

"ne plus être centré sur le document mais sur les hommes": là, je ne suis vraiment pas d'accord: le records manager doit considérer le document pour ainsi dire au delà des hommes. Qu'est-ce qui guide l'élaboration d'un calendrier de conservation? Les souhaits immédiats de l'usager, ou les intérêts à long terme de l'institution? Sans compter que nos procédures sont souvent perçues comme une contrainte par les producteurs de documents.

Quant à "Comprendre les attentes de l'entreprise"... Euh, n'est-ce pas un objectif de tous les corps de métier, du logisticien au chef de projet SI?

Pour conclure, j'ai l'impression qu'il y a une certaine tendance en France de parler à tout va de records management. Comme si les consultants avaient trouvé là un nouveau marché dans lequel percer. Qu'en pensez-vous?

edit, 3 mars: On trouve une autre lecture critique de cette interview chez Geneviève Le Blanc "l’avenir de l’infodoc, un serpent de mer un peu lassant!"

edit, 16 mars: Autre réaction chez le Babouin; le Tour de toile du BBF signale aussi la discussion.

Notes

[1] En Suisse d'ailleurs, c'est une même formation qui prépare à des fonctions d'archiviste, de documentaliste ou de bibliothécaire.