Citation de Jean Michel, consultant en management de l'information, interrogé dans le dernier numéro d'Archimag:

Les documentalistes doivent-ils étoffer leurs compétences et devenir multitâche?
C’est clair. À mes yeux, il n’y a pas de différence entre veille, knowledge management et records management : tout ceci constitue un métier global. Les compétences doivent être plus larges ; comprendre les attentes de l’entreprise, ne plus être centré sur le document mais sur les hommes, maîtriser la variété des sources – podcasts, flux RSS…–, concevoir des services novateurs basés sur les wikis et les blogs, imaginer d’autres produits.

Au siège de l'institution qui m'emploie, nous sommes plus d'une vingtaine à nous occuper de records management, et on compte à peu près autant de documentalistes. Et quand je discute avec ces derniers, je n'ai pas du tout l'impression de faire le même métier.

Attention! Je ne dis pas que des documentalistes ne peuvent pas s'occuper d'archives ou de records[1]. Mais pourquoi associer ainsi veille et records management? Ce sont deux fonctions qui ne partagent ni les mêmes buts, ni les mêmes objets, et pas vraiment les mêmes outils. Et je n'adhère pas aux différentes assertions de Jean Michel en ce qui concerne mon métier.

Il parle de podcasts, de blogs, de wikis. On ne mettra pas en doute mon attrait pour les "services novateurs " :-), mais quel est le lien entre ces outils-là et le records management? J'en vois l'utilité pour la promotion interne des procédures et bonnes pratiques, mais à part ça? Je n'ai pas connaissance d'autres applications. Les témoignages sont les bienvenus.

"ne plus être centré sur le document mais sur les hommes": là, je ne suis vraiment pas d'accord: le records manager doit considérer le document pour ainsi dire au delà des hommes. Qu'est-ce qui guide l'élaboration d'un calendrier de conservation? Les souhaits immédiats de l'usager, ou les intérêts à long terme de l'institution? Sans compter que nos procédures sont souvent perçues comme une contrainte par les producteurs de documents.

Quant à "Comprendre les attentes de l'entreprise"... Euh, n'est-ce pas un objectif de tous les corps de métier, du logisticien au chef de projet SI?

Pour conclure, j'ai l'impression qu'il y a une certaine tendance en France de parler à tout va de records management. Comme si les consultants avaient trouvé là un nouveau marché dans lequel percer. Qu'en pensez-vous?

edit, 3 mars: On trouve une autre lecture critique de cette interview chez Geneviève Le Blanc "l’avenir de l’infodoc, un serpent de mer un peu lassant!"

edit, 16 mars: Autre réaction chez le Babouin; le Tour de toile du BBF signale aussi la discussion.

Notes

[1] En Suisse d'ailleurs, c'est une même formation qui prépare à des fonctions d'archiviste, de documentaliste ou de bibliothécaire.